Opération terrestre à Gaza : Israël et la "banalité du mal"
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À la Une de la presse, ce mercredi 17 septembre, les réactions à l’offensive terrestre majeure lancée par l’armée israélienne sur la ville de Gaza. L’indignation grandit dans la presse et l’opinion internationales. Les discussions pour la formation du nouveau gouvernement en France, où la taxe Zucman divise la classe politique. La mort de Robert Redford. Et un concours en Écosse.
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À la Une de la presse, les réactions à l’offensive terrestre majeure lancée par l’armée israélienne dans la ville de Gaza.
Le Jerusalem Post annonce une "offensive prolongée" et le rappel de près de 130 000 réservistes. Le porte-parole de l’armée israélienne prévient dans le journal qu’il faudra probablement "plusieurs mois" pour parvenir au contrôle total de la ville de Gaza, et "plusieurs mois supplémentaires pour éliminer complètement le Hamas" et déminer la zone. Le journal cite également le président israélien Isaac Herzog, selon lequel "il n’y a pas de famine à Gaza". Une affirmation contredite par l’Unicef. D’après l’organisation onusienne citée par Le Monde, plus de 10 000 enfants ont actuellement besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë dans la seule ville de Gaza.
Dans une tribune publiée par le journal de gauche Haaretz, Ahmed Tibi, homme politique arabe israélien, reprend le concept de la philosophe Hannah Arendt sur "la banalité du mal" et met en garde ses compatriotes : "L'histoire ne pardonnera pas. Elle se souviendra que la société juive israélienne, malgré ses traumatismes historiques, peut-être à cause d'eux, s'est mobilisée en masse et a fermé les yeux alors qu'un peuple entier était exterminé. L'histoire se souviendra de la destruction, de la ruine, du nettoyage ethnique et du massacre d'enfants. Un jour, elle dressera un miroir devant ceux qui se sont proclamé 'armée la plus morale du monde' en détruisant Gaza."
Cette indignation trouve un large écho dans la presse et l’opinion internationales. Arab News fait état du "bon accueil", en Arabie saoudite, du rapport d’une commission d’enquête de l’ONU accusant Israël de "génocide" à Gaza. Un document largement relayé, ce matin, par la presse européenne, dont le quotidien italien Domani, qui accuse Israël d’être tombé dans un "abîme moral". Le même rapport est évoqué à la une du journal espagnol El Pais, qui rapporte la déclaration du roi Felipe VI lors de son voyage en Égypte sur "la souffrance indicible de centaines de milliers d’innocents" à Gaza. L’Espagne, qui menace à présent de boycotter l’Eurovision si l’État hébreu y participe. Dans son édito, The Guardian, grand quotidien britannique, estime que face aux "conclusions de l’ONU sur le génocide" à Gaza, "le monde et le Royaume-Uni ne peuvent plus détourner le regard". "L'accusation est grave. Les preuves sont accablantes. Prétendre le contraire, c'est participer aux dérobades les plus honteuses de notre époque", écrit le journal, qui appelle la Grande-Bretagne à "cesser toute vente d'armes" à Israël, à "soutenir le droit international" et à "abandonner les contorsions juridiques".
En France, Sébastien Lecornu poursuit ses consultations en vue de former un nouveau gouvernement. D’après Libération, le Premier ministre devrait choisir ses ministres "parmi un vivier d’aspirants et de ministres démissionnaires", "dont les poids lourds pourraient rester en place". Mais l’annonce de son équipe serait retardée par l’actualité internationale et "les consultations politiques et sociales", avec les socialistes, notamment, qui attendent des gages de "rupture" sur les retraites et les impôts, et plus particulièrement sur la "taxe Zucman" – une taxation des patrimoines de plus de 100 millions d’euros. Les Échos rappellent que la mesure "suscite une levée de boucliers à droite et au centre". Le mot est faible : Le Figaro ne décolère pas contre ce qu’il qualifie de "menace pour l’économie française" et consacre pas moins de trois pages à cette "offensive antiriches", cet "impôt confiscatoire qui n’existe [selon lui] nulle part dans le monde" – si l’on excepte l’Espagne, la Norvège et la Suisse. "Le spectre de la taxation des plus aisés se profile", frissonne le journal.
La presse française rend aussi largement hommage à l’acteur et réalisateur américain Robert Redford, disparu hier à 89 ans. "Le magnifique", "l’Américain qu’on aimait" : pour Le Parisien/Aujourd’hui en France, Robert Redford "incarnait les valeurs les plus généreuses de l’Oncle Sam : indépendance, écologie, et ouverture au monde". Une Amérique disparue, peut-être, d’où la nostalgie qui saisit la presse française. Une simple photo en noir et blanc, pour Libération, et un joli jeu de mots : "Redford ever" ("Redford pour toujours"). Même L’Humanité, le journal communiste, a le blues au souvenir de "Nos plus belles années". Qu’est-ce qui rendait Robert Redford aussi unique et touchant ? Sa capacité, peut-être, à incarner à la fois le "golden boy" et le "héros malgré lui". "O tempora o mores", disaient les Romains, c'est-à-dire "autre temps, autres mœurs" : le "héros malgré" partage ce matin la Une du Daily Mirror avec un autre blond célèbre, Donald Trump, tout juste arrivé au Royaume-Uni pour sa deuxième visite officielle. "The ego has landed" ("l’égo a atterri") titre le tabloïd.
Donald Trump, qui aura peut-être le temps, entre deux contrats, de faire un saut à son golfe d’Écosse, où se tient chaque année un championnat inhabituel. The New York Times raconte que le championnat du monde de ricochets se tient chaque année sur une île au large de la côte ouest écossaise. Un concours aussi original que bucolique. Mais l'événement de cette année a été entaché par un scandale. D’après les organisateurs, une poignée de participants auraient triché en trafiquant leurs pierres, contrevenant ainsi à l'une règles des Championnats du monde de ricochet, qui veut que chaque pierre utilisée doit être "formée naturellement à Easdale", la petite île piétonne qui accueille l'événement, et ne pas dépasser 7,5 centimètres très précisément. Mais rassurez-vous, il paraît qu’après une brève polémique, le calme est revenu très vite. "Si vous ouvrez votre fenêtre ici", témoigne un habitant, "vous entendrez le clapotis des vagues et le chant des oiseaux, et c'est tout".
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